Miss Ua Pou et visite au centre médical

Nous avons laissé au petit matin Joanna sur la rive d’Hiva Oa pour rejoindre l’île de Ua Pou avec Perrine, 60 nautiques plus loin. A 11:00 la ligne défile à grande vitesse et c’est à deux que nous remontons un gros poisson: 1m60, un petit rostres de la famille des espadons avec sa dorsale ailée, un lancier! Lever 4 filets de 1m20 c’est pas banal et nous a pris 3 bonnes heures. La glacière transformée en congélateur est pleine pour un bon bout de temps!

Nous arrivons de nuit à Hakanau et c’est au petit matin que nous découvrons les spectaculaires pics de basaltes, de 5 millions d’années, qui pointent vers le ciel comme des piliers sacrés…

Une balade dans l’île nous amène à la rencontre des tailleurs et graveurs de « pierres fleuries » ( spécificité de l’ile). Ils travaillent sans trop de protection et nous leur livrons des masques le lendemain. Nous rencontrons aussi Hubert, infirmier en poste isolé depuis 5 ans, très impliqué et heureux de son sort. 

Le lendemain, c’est toute l’équipe médicale du centre qui nous accueille : 

  • Roxane, jeune médecin tout juste arrivée de Moorea, 
  • Quentin, maieuticien (sage femme) qui assure le suivi des femmes enceintes et la gynécologie courante,
  • Nelly, infirmière arrivée il y a un an au cours d’un voyage en sac à dos avec son ami 
  • et Brigitte, agente technique de santé dans la vallée de Hohoi depuis 33 ans.

Chacun nous livre sa riche expérience à Ua Pou et la bonne coopération avec les médecins de Nuku Hiva et Papeete pour les urgences.

Brigitte nous accorde une heure au cours de laquelle elle décrit l’évolution de la population qu’elle suit dans sa vallée. Native de l’île, elle a vécu la dure vie des îles dans une famille de 12 enfants, dont la principale ressource était le coprah. La vie à l’époque était simple, avec les aliments en fruits et légumes locaux, le poisson et le cochon pour les fêtes et de durs travaux physiques. L’eau a toujours été un problème à Ua Pou qui n’a aucune source. L’eau de pluie est la seule ressource, stockée dans quelques nappes phréatiques… Mais elle manque souvent et le réchauffement climatique n’y aide en rien. Il y a parfois plusieurs années sans pluies à suivre…

Pour ce qui est de son travail, elle a vu diminuer la population de sa vallée de plus de 100 à moins de 80 personnes. Elle déplore la fermeture de l’école, car elle y assurait de l’éducation de santé, pour les enfants et leurs parents, notamment au niveau de l’alimentation. Elle est inquiète de voir l’obésité s’installer chez eux d’années en années.

Selon elle, l’argent de la ressource artisanale récente (10 ans environ) fait que la nourriture traditionnelle est abandonnée au profit des sodas et aliments sucrés, avec une perte de l’activité physique et une addictions aux écrans. Il lui reste trois ans de travail avant sa retraite et elle se dit bien démunie face à cette évolution.

Brigitte était descendue de sa vallée au centre médical pour prêter main forte en l’absence d’une collègue, ce qui rompt son isolement. Elle confirme la belle cohésion des professionnels de santé de cette île. Nous n’avons malheureusement pas pu rencontrer le kiné libéral, peut-être une autre fois?

Nous avons terminé notre séjour avec le privilège d’assister à l’élection de Miss Ua Pou: défilés de costumes végétaux tous plus originaux et spectaculaires les uns que les autres, robes originales et colorées… quel savoir faire et quelle belle fête populaire de juillet!

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