Les deux Hiva Oa
Les deux Hiva Oa
Par Joanna
L‘ancien voilier de Magali, Hiva Oa, tiens une place très importante dans mon cœur et surtout dans mon parcours de navigatrice.
C‘est sur Hiva Oa que j‘ai gouté la navigation océanique et puis celle en Méditerranée lors du projet « vogue avec Hiva Oa“ en 2019-2021. C’est Hiva Oa que j‘ai eu la chance de bichonner avec Magali sur divers chantiers – en France, en Italie, en Grèce – là, où il s’arrêtait. C‘est sur ce beau voilier classique que ma passion pour la voile hauturière s‘est réveillée et sur lequel – lors de plusieurs étapes – j‘ai rencontré plein de nouveaux amis, fédérés autour de ma capitaine. C‘est sur Hiva Oa qu‘elle m‘a appris à naviguer (et bricoler!) et que nous avons commencé à rêver d‘une transatlantique. Enfin, c‘est sur Hiva Oa que j‘ai fait le début de ma qualification de skippeur hauturier.
Donc vous l‘auriez compris – pour moi Hiva Oa signifie la joie, la liberté, la passion, la mer, la beauté, un beau projet, une réussite, l’amitié et beaucoup d‘inspiration.
C’est pour cela qu’il était clair pour moi, lors de notre arrivée de la Transpacifique (plus de 12’000 milles nautiques depuis mes premiers bords en mer!) aux Gambier, que ce voyage polynesien devait absolument se poursuivre vers les Marquises et donc l’ile de mes rêves (et quelque part de mon origine en tant que navigatrice). C’est alors avec une immense joie et émotion que j’y suis arrivée le 18.07.2023 après une belle transpolynesienne à trois filles avec Magali et Perrine.
Hiva Oa est connue pour le fait qu’y vivaient Paul Gaugin et Jacques Brel – tous les deux enterrés à quelques pas l’un de l’autre sur un cimetière avec vue sur la baie d’Atuona, malgré leurs histoires de vie très différentes mais néanmoins réunies par la quête de s’échapper au monde (trop?) civilisé européen…
Les autres atouts évidents de l’île sont de nature beaucoup plus pratique – c’est la seule île aux Marquises sud avec un DAB et un petit chantier qui offre aux navigateurs accès à la douche et Wifi (dans cette ordre!).
Mais est-ce tout? Une visite au cimetière et au centre culturel Gaugin – d’ailleurs une expérience très intéressante d’un musée situé au milieu d’un merveilleux jardin bien entretenu, où j’ai appris non seulement sur la vie de Gauguin mais surtout l’activité humanitaire de Jacques Brel.
Lui, ayant ancré son voilier à Atuona, s’est installé à Hiva Oa et s’est battu pour l’amélioration des services accessibles aux Marquisiens, notamment en leur offrant des trajets gratuits sur son petit avion vers d’autres îles ou bien en organisant des visites du dentiste sur Hiva Oa. Il s’engagea aussi pour le renouvèlement culturel des Marquises et leur artisanat et culture à l’époque perdus.
Mais revenons à l’île. Son côté nord nous a été jusque là caché donc on s’y est rendues en voilier pour découvrir. Et quelle découverte c’était!! La baie de Hanamenu, avec son rocher imposant qui garde l’accès aux 2 plages… mais son vraie trésor est la source d’eau douce protégée par un énorme arbre de banyan – sacré dans la culture marquisienne…
Un bain dans ce petit étang nous a fait du bien et permis de rencontrer une famille d’Atuona venue ici en week-end. Parmi eux, Elvie – une infirmière au centre médical d’Atuona – désormais en congé, mais on a pu bien échanger avec elle…
Deuxième étape – la baie de Hanaiapa, avec son fameux rocher « tête de nègre » (même si cette description n’est pas très érudite, elle décrit parfaitement l’aspect physique de ce phénomène de la nature). Une fois sur terre, nous allons découvrir les plus beaux jardins de Hiva Oa, où tout le monde vient cueillir leurs fleurs et feuilles pour faire les couronnes.
Et à la fin – cerise sur le gâteau. En nav de Hanaiapa vers Puama’U, la maison du grand Tiki, nous admirons un paysage absolument époustouflant, où la mer, les falaises, les arbres et les vagues forment un paysage dominant, puissant et inoubliable. Nous admirons ces images en essayant de les garder pour toujours dans nos souvenirs, tellement c’est beau et émanant de « mana » – l’énergie de la nature et création…
Une fois de retour à la baie de Hanaiapa, je quitte Tu’Ati pour rentrer en Europe. Mais dans mon cœur je sens clairement – la beauté du paysage, l’énergie de la nature et la gentillesse des gens font que j’y reviendrai le plus vite possible – à mes origines.