Grand départ pour la transatlantique !
Grand départ pour la transatlantique !
5 avril 2022
Aujourd’hui c’était le grand départ pour la transat.
Après un dernier verre et un relookage (coupe et couleur pour Magali, yeah !!!), l’équipage des 4 filles – Magali, Joanna, Erell et Perrine qui a remplacé Paul -, a pris la mer dans la journée. Elles ont laissé derrière elles, Madère, la sauvage perle volcanique de l’atlantique.
Prochaine destination l’arc caraïbes de Martinique à Grenade, début mai….
Une traversée à suivre avec elles….
8 avril
« Nous avons entamé notre traversée de l’Atlantique sous les bons hospices d ‘un anticyclone qui nous abreuve de vents portants. Mais ne nous y trompons pas : ils sont assez irréguliers font le jeux de changements garde robe de notre voilier:
– la grand voile qui peut être montée » haute » c’est à dire à 100%, mais peut être réduite de taille en prenant de 1 à 4 ‘ »ris » selon la force du vent et l’équilibre à donner au voilier selon la mer plus ou moins formée ou dérangée;
– les voiles d’avant sont au nombre de 5 dans la garde robe de Tu Ati : un génois et une trinquette pour toutes les allures, un spi asymétrique pour le travers, un spi symétrique pour le vent arrière que l’on maintient avec un bras extérieur appelé tangon; enfin une toute petite voile nommée tourmentin qui comme son nom l’indique n’est à utiliser que dans la tourmente pour ne pas dire tempête
Depuis notre départ nous avons déjà utilisé toutes les configurations, sauf cette petite dernière. C’est dire si les manœuvres sont fréquentes pour optimiser notre périple.
Cette nuit a commencé par la magie d’une navigation sous spi et grand voile haute, la météo annoncée étant très clémente. Perrine puis moi en quarts solo de 2 heures nous sommes relayées dans ce bonheur parfait recherché par tant de navigateurs et navigatrices, de goûter au calme d’une nuit étoilée de mille constellations et la lune pour lanterne qui drape la mer d’un manteau argenté, respirant au rythme de la houle. C’est en toute sérénité que j’ai transmis la barre à Joanna et suis allée me reposer. Mais 15mn plus tard ,branle bas de combat! Un grain brutal s’est abattu sur nous, empannant le bateau sur l’autre bord et malmenant le spi violemment. Sortie en petite tenue, j’ai pris la barre sous des trombes d’eau, ai appelé tout l’équipage sur le pont: Joanna et Erell à l’avant pour baisser la chaussette qui permet de ranger le spi, Perrine et moi dans le cockpit pour affaler la drisse de spi et gérer ses écoutes .
Le vent violent nous a chahuté fort, la manœuvre a été difficile. Feu de pont allumé, gilets et harnais de sécurité pour éviter le suraccident, pas si simple en pratique! Une fois le spi sur le pont , le tangon à descendre et les écoutes à libérer. On s’est parlé à voix haute mais le vent prenait le dessus. Assez vite, e n’arrivais plus à maîtriser la course du voilier qui empannait ( la grand voile passe de l’autre bord), heureusement freinée dans sa course par une retenue de nommé et un dispositif walder. J’ ai demandé à Erell de revenir vers moi pour libérer la retenue , quand il réempannait. J’ai compris qu’il y avait un souci de commande de barre et il fallait affaler cette grand voile devenue dangereuse. Tout le monde y a participé avec calme et détermination.
Ensuite nous nous sommes posées ensemble dans le cockpit pour un point de situation et trouver la solution qui nous permettra de retrouver la commande du voiler : c’est une écoute tribord de spi qui est tombée à l’eau et s’est emmêlée dans le safran tribord, bloqué. Voilà l’explication.
Noter la position, vérifier qu’aucun navire ou danger alentours ne nous menaçait et puis extirper ce bout , harnachée, couteau à main.
Une fois fait, il a fallu remettre la trinquette pour vérifier notre manœuvrabilité et puis souffler. Tout était rentré dans l’ordre nous pouvions reprendre notre route!
Une situation qui aurait pu mal tourner et nous invite à l’humilité face aux éléments : et … souviens toi, toujours d’amarrer les bouts qu’on a libérés ! »
10 avril
Moment d’une magie poétique….
« Cette nuit , à la prise de mon quart , les nuages cachaient la lune et les étoiles. Je naviguais dans le noir sous un régime de vent faible et variable, ajustant les voiles et réglant la route sur le compas en visuel.
Puis, la couverture nuageuse a laissé apparaître un peu de lumière grise sur l’horizon tribord, et c’est alors qu’elle est apparue : la lune, en demi quartier, rousse, au raz de l horizon. Après ce gentil clin d’œil elle s’en est allée, se coucher, me laissant dans mes pensées, émerveillée . Et soudain, les nuages ont disparu et c’est la voûte céleste toute entière qui s’est offerte à ma contemplation… »
16 avril
Magali, la skipette de Tu’Ati, est fière de son équipage féminin : 1236 miles parcourus en 10 jours depuis Madère nous laisse entrevoir de fêter la moitié de notre transatlantique pour le dimanche de Pâques : la chasse aux œufs en mer promet d’être inoubliable!
Et si le convoyage de Tu’Ati se passe bien, n’oublions pas qu’il a une mission: celle d’être ambassadeur de notre association Trait d’Union Santé des Iles (à laquelle, fidèles lecteurs vous avez adhéré bien sûr!). Ladite mission commencera à l’arrivée sur zone en Polynésie. Mais tout au long de notre parcours pour le rejoindre nous en profitons pour croiser quelques soignants et partager la nature de notre projet. Que ce soit le Dr Pierre Vigier à l’île d’Yeu, l’infirmière Marie Laure Küngner à Hoëdic ou le Dr Maria Santos à Madère, il a trouvé un accueil favorable chez nos collègues : reconnaissance d’une pratique particulière, filières de soins spécifiques en devenir, question d’isolement dans la pratique, exacerbée par le Covid et le manque de médecins, nos soignants font face mais apprécieraient d’être soutenus! Cela nous encourage à préparer la suite.