De Grenade à Panama
De Grenade à Panama
17 juin
Le nouvel équipage entièrement féminin est parti pour la traversée de Grenade à Panama !
« Voilà, nos premières 24h de nav à six filles se sont bien passées. 130 nautiques au vent arrière grand voile et génois tangonné avec le courant nous ont donné pleine satisfaction. Soleil de jour, voûte étoilée de nuit quelle merveille! Entraînement des différentes manœuvres (prise de ros, tangon,etc), barre à tour de rôle ont permis à chaque nouvelle équipière de s’approprier le fonctionnement du bord, consignes de sécurité et bienveillance à l’appui. Pour motiver l’équipage aux manœuvres, nous nous encourageons « non pas à gagner des pesetas… mais des Sans Blas …dans l’espoir d’arriver à temps pour permettre à Joanna et Dörte d’en profiter avant leur retour. On verra bien et on s’adaptera. Comme à chaque fois! »
22 juin
Et alors les filles où en êtes-vous?
Parties de Grenade depuis cinq jours, la vie à bord s’organise. Il y a le salon « Tu’Ati Beauty » avec ses séances de douche eau de mer, rinçage eau du dessal. à l’arrière, le salon de lecture cockpit où rivalisent l’artiste mexicaine Frida Khalo, la chamane Corine Sembrun, le manuel du comment arrêter de fumer, Joachim Meyerhoff, et d’autres polonais et espagnols, le « restau Tu’Ati » qui monte en étoiles de jour en jour, le « Tu’Ati chiottes-plage-arrière » avec vue sur mer imprenable (eh oui la pompe des wc a lâché!), et bien sûr le « Tu Ati table-à-cartes » où nous suivons de près notre météo et notre navigation! Et enfin le « Tu Ati salon-international », car ici nous parlons anglais, allemand, suisse allemand, espagnol et parfois français…
Après avoir passé au large du Venezuela, ses îles Roques et Aves, puis les Antilles Néerlandaises, avec ses ABC (Aruba, Bonaire, Curaçao), nous voilà au large de la Colombie, avançant bon train au vent arrière GV et génois tangonné (500 nautiques en 4jours). Chaque nuit nous a réservé des surprises (pour ne pas dire frayeur, Capitaine!) : navire sans AIS, un pirate?, souffle puissant de mammifère marin mystérieux qui nous suit dans la nuit noire pendant 45mn, va t il nous attaquer?
Cette nuit, c’est la météo qui n’est pas celle annoncée, alors on diminue la toile et nous filons huit nœuds dans la houle de 3metres avec 30 nœuds de vent sous string de trinquette, grand voile rangée sagement dans son lazy bag. Elle a bien dormi la GV bercée par les déferlantes, nous un peu moins, nous relayant à la barre comme de vaillantes petites femmes marines.
L’humeur est au beau fixe: quel spectacle sauvage et furieux la mer des Caraïbes nous offre au large de la célèbre pointe Gallinas qui n’est autre que le point le plus au Nord du continent Sud Américain. Chapeau bas et respect de la part de l’équipage de Tu’Ati. On continue à fond jouant à qui veut gagner, non pas des pesetas, … mais des Sans Blas ! »
11 juillet
Après avoir laissé passé le cyclone Bonnie bien à l’abri à Linton Bay, près de Portobello, Magali et Flore sont retournées aux San Blas pour visiter des centres de santé.
Rendez vous a été pris pour une action de formation hygiène et premiers secours, le 5 juillet dernier, à Winchubhuala avec le Dr Perez, responsable du district.
Grand succès pour la formatrice auprès de la quinzaine d élèves Gunas de primaire et leurs deux enseignantes.
Magali s’est lancée en espagnol, aidée par Cloé en amont puis Flore. Le médecin traduisait en Guna ! Facile ! Les enfants étaient très enthousiastes.
Puis, distribution de gels hydroalcooliques et de masques donnés par l’association « Les amoureux du désert ».
A la suite de cette intervention, le médecin nous demande la même chose pour les collégiens de l’île d’à côté !
14 juillet
« Dans l exploration des îles de l’archipel des San Blas, nous voilà rendues à Narguana et Curaçon de Jesus, deux îles reliées par un pont, face au Rio Grande.
Nous avons rencontré le Dr Rose Mary qui travaille seule avec une seule infirmière pour les 900 habitants de l île. 20 jours de travail d’affilée, 7j/7, 24h sur 24, puis 8 jours de repos ! Elle assure la médecine générale, toutes les urgences, y compris les accouchements et dispose de 4 lits. Les cas graves sont transférés par bateau à Panama city (2 h de bateau pour Carriacou, puis 4 h de route, vaut mieux pas être malade!). Ses principaux problèmes sont l’approvisionnement en médicaments (manque d antibiotiques et d’antalgiques surtout depuis un an. Elle n’a que du paracetamol) et son impuissance à éduquer une population à l’hygiène de l’eau. En effet Narguana ‘ a pas d eau potable, l’eau de pluie récoltée sur les toitures insalubres est polluée et entraîne de nombreuses maladies. L’évocation d’un programme éducatif sur l’eau avec l’association Water Family en partenariat avec TUSI a semblé susciter un espoir pour cette médecin désemparée de progrès avec la jeune génération .
Nous sommes allées ensuite à Curaçon de Jesus pour trouver un guide afin de remonter le Rio Grande. Le jeune Delniel nous révèle sa vision du problème de conflit de l’eau entre les deux communautés. Selon lui, la communauté de Curaçon de Jesus est soudée autour de son chef. Le congrèsso en effet trône sur la place principale. Il y a des années le congresso a mené un projet pour l’eau potable et courante, mais Nargana ayant refusé de s’y associer, ils sont désormais taxés de 3 dollars pour recevoir de l’eau de la part de Curaçao qui va la chercher en amont du fleuve Rio Grande avec des barques et des citernes…
Une histoire à la Peponne – Don Camillo de Guna?!!! »
20 juillet
Sur les îles Robeson, Magali et Flore ont été introduites auprès du chef de la communauté, le Seila, qui les a autorisées à rencontrer le soigneur traditionnel, « el curendero », nommé Kupi. Le Seila a compris qu’elles ne venaient pas en touristes mais pour établir un lien solidaire avec les soignants Gunas. Le contact avec le Dr Pérez et les actions entreprises dans les écoles (voir posts précédents) permettant de donner du crédit à cette demande. L’idée étant de comprendre les principes de la médecine traditionnelle pour l’associer à un éventuel et futur projet d’éducation de santé.
Un rendez-vous a lieu dans l’après-midi.
Le curandero choisit ce métier par tradition familiale et goût pour établir un lien entre la nature et les malades. Il est consulté dans sa maison à toute heure du jour et de la nuit pour des maladies respiratoires, infectieuses, des plaies ou des fractures et après que les patients aient consulté le Nele (le chaman).
Le curandero est formé pendant 6 mois par tradition orale dans une école. Il y apprend les plantes médicinales adaptées aux pathologies. Chaque territoire a sa propre pharmacopée qui demeure confidentielle. Après avoir un consulté un Nele, le patient va voir le curendero qui va chercher les plantes et les applique par douche, application cutanée, fumée ou ingestion pendant 4 jours en moyenne, renouvelée pendant un mois si nécessaire. Les curanderos collaborent avec la médecine officielle panaméenne qui les reconnaissent et mettent à leur disposition les centres de santé s’ils les souhaitent.
Le curandero fait le lien entre le chaman et la médecine traditionnelle.
Comment TUSI pourrait intervenir ? A cette question, Kupi répond que TUSI pourrait s’inscrire dans un projet tripartite : Nele, curandero, médecin de centre de santé sur l’éducation à la santé des enfants ou être aidé à construire une maison de santé où les curenderos pourraient consulter et cultiver leurs plantes.
Des idées à creuser…. »
29 juillet
Tu’ati est dans un port de Panama. Magali est de retour en France. Nous nous retrouverons dans quelques semaines pour de nouvelles aventures avec TUSI. Bel été à tout le monde !