De Canouan à Carriacou

4 juin

A Canouan, nous avons cherché le moyen d’envisager un retour d’urgence en raison d’un proche atteint du Covid. Il n’y avait objectivement pas d’éléments de gravité mais il a fallu gérer l’angoisse de l’éloignement. Nous avons rencontré au café, qui fait office de lieu d’attente pour le ferry, sa propriétaire qui a été très aidante et nous a indiqué les trajets possibles. En réalité peu de liaisons inter-îles par Ferry et le seul moyen de rejoindre de grandes îles avec aéroports internationaux est le recours aux petits avions privés pour des sommes allant de 1000 à 1300 euros (pour AR à repartir entre 1 et 4 passagers…).

Depuis nous avons identifié un site : wingly.io qui propose des vols de petits avions pour moitié moins. Heureusement, nous n’avons finalement pas eu à rentrer, le relai familial sur place ayant évalué qu’il n’était pas nécessaire et assurant un relai précieux. C’est aussi cela le voyage lointain : apprendre à gérer l’isolement…

Nous avons continué sur les mythiques Tobago Cays, multitude d’îlots entourés de récifs. Mais nous n’avons trouvé que quelques tortues broutant l’herbe du fond près de récifs de coraux bien ternes et abîmés. Beaucoup de voiliers luxueux avec des touristes venus faire la fête, dont un d’infirmiers de Paris venus se détendre. Peut être n’avions nous pas les bonnes infos pour les meilleurs spots de snorkelling. A nos côtes, au mouillage, un voilier français de la Transquadra arbore le logo de « SOS Méditerranée, rescue together » nous🤗 rappelant aux réalités migratoires… Pressés par l’idée de devoir peut être rentrer et mettre le bateau en sécurité hors zone cyclonique, nous avons continué vers Union.

A Union, l’hôtel Bougainville tenu par Jean Marc depuis 30 an, est une précieuse plaque tournante pour les navigateurs et touristes. Corinne, la secrétaire, nous a bien aidée également par ses contacts et nous a aiguillées vers le seul médecin de l’île que nous voulions rencontrer pour présenter T.U.S.I.

C’est dans un hôpital local tout neuf et perché au plus haut du port de Union, pour des raisons de rassemblement en cas de Tsunami, que nous l’avons rencontré. Le Dr Kishron Richards, originaire de St Vincent, est en poste ici depuis un an. Il travaille avec cinq infirmières pour 5000 habitants, car cinq autres sont parties travailler en Angleterre l’an passé. Il travaille 24h/24 7j/7 et nous dit ne pas avoir pris de congés depuis 2018… (Il travaillait à St Vincent avant). Il est très avenant et sympathique. A la question de la gestion de son isolement, il dit l’assumer car il n’a pas le choix et communiquer avec ses autres collègues des autres îles via un groupe WhatsApp déjà évoqué par le médecin de Mustique quand il a des questionnements. Les urgences sont également transférées sur St Vincent via les gardes côtes ou Jean Marc en petit avion.

Il choisit également lui même les destinations Evasan selon l’origine des patients. L’association TUSI retient son intérêt et nous nous donnons rdv le 05 juin pour en reparler. L’occasion de donner des gels hydroalcooliques et masques pour son hôpital et l’éducation de ses patients car le Covid est toujours présent. Nous confirmons que la mission de TUSI a toute sa place pour soutenir et relier les soignants des îles, qu’il est important que notre page Facebook ou futur site soit rédigé en langue anglaise 😉. »

6 juin

Nous voici arrivées sur la petite île très authentique de Petite Martinique qui se situe au nord de Carriacou et en face de Union. C’est une île de 900 habitants avec de nombreux bateaux de pêche et une tradition maritime marquée par des chantiers de constructions de bateaux « faits main » dont ils sont très fiers. Par chance nous sommes tombées le week-end de leur régate annuelle, qui n’avait pas eu lieu depuis deux ans à cause du Covid. Sono à fond de vendredi soir à dimanche soir, mélange de musique reggae, doux et de Grenade, danses traditionnelles aux rythmes africains, régate de tout ce qui peut porter voiles.

Au détour d’une ballade au piton qui domine cette petite île nous avons rencontré Kril, auxiliaire de vie auprès des personnes âgées de l’île. La conversation s’est engagée très naturellement sur le thème de la fête de l’île à laquelle elle ne souhaitait pas forcément se joindre en raison du risque de Covid. Elle l’a eu l’an dernier pas trop fort, n’est pas vaccinée et paradoxalement dit ne pas trop croire à toute cette histoire qui selon elle a apporté beaucoup de soucis pour une maladie qui s’apparente à une grippe. Elle refuse de porter le masque.

Nous avons ensuite discuté du système de soins de son île. Le dispensaire est tenu par une unique infirmière parfois relayée le we. En cas d’urgence, les habitants se rendent par eux mêmes en bateau à Carriacou où il y a un hôpital. Si c’est grave, l’infirmière peut accompagner elle même le malade. Ici on se soigne le plus souvent en prévention avec une alimentation saine: légumes et produits de la mer. Des panneaux sur la santé sont disposés dans l’île dont un sur Zica qui selon elle sévit peu.

Nous irons la semaine prochaine rencontrer le médecin et les soignants de Carriacou. En attendant nous avons rendez vois demain avec le Dr Kingston Richard d’Union pour un échange et un don de masques et gels. »

16 juin

« Carriacou est la plus grande des îles Grenadines. Est ce pour cette raison qu’elle bénéficie du plus prestigieux de ses hôpitaux locaux? Toujours est-il qu’une visite pour T.U.S.I s’imposait!

L’hôpital est situé en un point culminant, dominant la baie de Hillsborough, avec une vue panoramique imprenable sur une mer turquoise parée de ses îlots de Sandy Island, Jackadam et les Deux Soeurs et la côte bordée de cocotiers de la sublime Paradise Beach…

C’est Allister, un jeune homme charmant de Hillsborough à qui nous avions demandé notre chemin qui nous y a conduit avec sa voiture, nous abstenant d’une heure de marche ardue et pentue sous la canicule.

L’hôpital a été fondé en 1907 pour isolement et prise en charge des personnes atteintes de maladies infectieuses, choléra et fièvre jaune à l’époque, avec une capacité de 20 lits d’hospitalisation. Jusqu’en 1948, il était connu comme l’hôpital Belle Vue, et pour cause! Il fut entièrement rénové en 1955, suite à l’ouragan Janet et officiellement renommé  » Princess Royal Hospital « , en 1960, pour commémorer la visite de la princesse royale. Deux reliques de canons sont postés, à côté de la partie pédiatrique de l’hôpital, face à la baie, rappelant la défense des intérêts britanniques à protéger la ville principale de l’île.

Aujourd’hui, l’hôpital comporte 32 lits avec des départements Urgence 24/24 ( qui accueille aussi celles de Petite Martinique et îlots alentours et peut faire évacuer les urgences vitales sur Grenade), une maternité, des lits d’hospitalisation médecine et pédiatrie, une radio et un mini labo.

Depuis un an, l’effectif médical a été renforcé de deux postes temps plein par le gouvernement de Grenade, ce qui porte à trois le nombre de médecins permanents, qui peuvent être renforcés par deux autres collègues sur l’île. Les infirmières sont impeccablement vêtues de tenues blanches immaculées avec petit chapeau de circonstance. So british !

La femme médecin rencontrée arbore un joli sourire dans sa tenue rose fushia et semble être heureuse de son sort. Nous l’avons rencontrée dans le sas d’entrée mis en place pour le Covid qui est en nette diminution cette année selon elle. L’hôpital est soutenu par la PAHO (Pan Américain Health Organisation) et le WHO (World Health Organisation) : le risque de catastrophe naturelle n’est jamais très loin par ici…et ils en sont bien conscients!

Merci à eux tous pour leur accueil chaleureux malgré un travail soutenu. »

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