Lauretta, Agente Médico Technique “volante”
Lauretta, Agente Médico Technique “volante”
Nous sommes à Aratika, attoll des Tuamotus, de 195 habitants vivant du coprah de la pêche et des fermes perlières.
Dans le village construit en 1998, une mairie, une poste, une école, un bâtiment santé. Nous y trouvons Lauretta, agente médico technique (AMT) de l’équipe volante, arrivée il y a une semaine pour remplacer sa collègue deux mois. Très heureuse de notre visite elle est intarissable.
Selon ses propos, l‘équipe volante des personnels de santé polynésienne a été créée dans les années 60 suite à une réflexion des médecins militaires de l’époque, pour répondre à la couverture sanitaire des 5 archipels de Polynésie. Actuellement, ils sont une vingtaine dont 3 médecins (avant ils étaient 7) , des infirmier(e)s, des agents techniques de santé. Ils remplacent leurs collègues pour assurer la continuité des soins dans les postes isolés.
Lauretta a commencé comme AMT à l’âge de 18 ans (elle en a 52), a reçu une formation d’un mois avec recyclages malheureusement trop espacés (le dernier remonte à six ans). L’AMT assure le suivi santé des populations et les soins, les urgences 24h/24. Elle a tout appris sur le terrain et fait tout avec peu de moyens, en immersion.
- Son meilleur souvenir : la naissance d’un prématuré à 7 mois de grossesse chez une jeune maman de 15 ans, avec confection d’une “couveuse”à l’aide de couverture chaude dans un sac plastique avant l’Evasan.
- Son pire souvenir : l’accident de décompression avec écrasement du visage d’un plongeur d’une ferme perlière dont elle a dû faire le certificat de décès.
Elle dit ne pas avoir le sentiment d’avoir été préparée à tout cela mais qu’elle s’y est faite. Elle est entièrement dévouée à son métier, sa vie privée en a été très impactée. Elle aimerait que le statut d’AMT soit reconnu et qu’il soit validé par une formation diplômante très pratique avec stage encadré par un AMT sur le terrain, des recyclage réguliers et un suivi plus rapproché de sa direction.
Lauretta pense que le métier pourrait intéresser des jeunes locaux pour assurer la relève et qu il faudrait aller vers eux. Bien que son isolement soit majeur, son enthousiasme est remarquablement contagieux !