Evacuation sanitaire à Fakarava
Par Magali Jeanteur, expérience de médecin à bord du Navire Ponant « le Paul Gauguin »
Quand Mr X s’est présenté au poste médical le soir de notre départ en traversée vers les Iles Marquises à quelques 800 milles de là, il ne se doutait pas qu’une étrange mésaventure allait mettre fin à son rêve marquisien.
Il présentait en effet une complication testiculaire d’une infection urinaire pourtant traitée avant son départ de France, mais surtout un aspect très suspect de l’autre bord de son attribut. Au vu de mon examen clinique, il me paraissait impossible de pouvoir traiter convenablement à bord cette complication et une évacuation sanitaire m’a parue d’emblée nécessaire…
En pareille situation, la procédure en cours à bord demande le recueil d’un deuxième avis auprès d’un confrère du CCMM de Toulouse, service dédié aux marins français de part le monde 24h/24, 7J /7. Le confrère ayant le même avis, je suis entrée par téléphone satellite en relation avec le SAMU de Tahiti pour organiser le transfert. Le médecin d’astreinte m’a aiguillée vers le dispensaire de Fakarava, atoll des Tuamotu sur notre route du lendemain, doté d’un aéroport. Le patient et sa femme, informés de l’arrêt brutal de leur croisière ont été particulièrement fairplay et « compliant ».
Le lendemain, je les ai accompagnés au dispensaire : l’infirmière Principale, en poste depuis de nombreuses années à Fakarava, nous attendait. Prise des constantes, conditionnement, confirmation de l’évacuation sanitaire auprès de la régulation, le transfert sanitaire est confirmé. Par chance, un vol au départ de Fakarava pour Tahiti ce jour là, mais il est complet. Réquisition oblige, une place est libérée pour notre patient. Reste pour son épouse à envisager un hébergement sur place pour le prochain vol dans 48 heures, quand les autorités locales invitées à bord se saisissent du problème et libèrent une deuxième place.
L’ambulance du SAMU attendait le patient à sa descente d’avion, un taxi pour sa femme réservé par l’agent local du Ponant, le voilà hospitalisé à l’hôpital de Taone de Papeete, en chirurgie digestive. Il a été opéré et perfusé pour des antibiotiques intraveineux cinq jours, et a pu ensuite rejoindre la France dans les meilleurs délais pour la suite de sa prise en charge.
Voilà un bel exemple d’évacuation sanitaire et prise en charge en aval réussi, grâce à la compétence et à l’organisation bien rodée en Polynésie Française du système de santé. Merci à ceux qui l’ont mis au point, merci à chacun des acteurs de santé qui y prennent part avec professionnalisme et efficacité ! Sûre que je retournerai au dispensaire de Fakarava avec Tu’Ati pour fêter ce succès et les inviter pour une sortie en mer!
