Equipe de choc à Maupiti
Equipe de choc à Maupiti
Petite ile de 1302 habitants au nord de Bora Bora, n’y entre pas en voilier qui veut… Son unique passe au Sud est étroite et n’est franchissable que dans certaines conditions : nous avons attendu 3 jours à Bora pour respecter les recommandations : « moins de 15 nœuds de Vent et une houle sud de moins de 1m50 ». Partis de nuit pour arriver à l’étale de courant entrant, l’entrée était encore impressionnante, le calme du mouillage à gauche du motu de l’entrée d’autant plus appréciable ! Et le tour à pied, un goût de bout du monde…
Le lendemain, je suis allée rencontrer l’équipe santé du dispensaire de Maupiti nouvellement rénové, avant de faire le tour de l’ile à Vélo avec Greg et Virginie.
C’est avec un sourire bienveillant et large que Robert m’a accueillie, avec une douceur qui en dit long sur son approche professionnelle. Après une vie entière de généraliste dévoué à ses patients de Toulon, sa femme Nathalie, infirmière retraitée, et lui, ont décidé de tout quitter pour 3 ans de poste à Maupiti.
Seul médecin, d’astreinte 7j sur 7, il gère une urgence cardiovasculaire à mon arrivée et après un accueil néanmoins très chaleureux, me laisse avec Hinano, son infirmière de centre, pour une visite de leurs belles installations toutes neuves : salle d’urgence, cabinet de dentiste (il passe 2 jours tous les deux mois pour les enfants seulement), salles de consultation médicale avec échographie, salles de soins…
Paul Bopp, troisième acolyte de cette équipe de choc, infirmier également, est absent aujourd’hui, car en récupération.
Hinano est une polynésienne qui a tout vécu, ça se sent et on ne la lui fait pas, c’est sûr ! Vie dévouée, elle est proche de la population, le respect est mutuel. Elle connait son métier, m’explique qu’elle fait appel aux ressources du patient en situation d’urgence. Son secret pour tenir ici dans la durée : elle peint des tableaux colorés et vivants, une très belle artiste aussi !
Je retrouve le Dr Robert qui me parle de son travail avec un naturel et un sens clinique et humaniste qui le cheville au corps. A 72 ans, il en parait 10 de moins et reste passionné comme au premier jour. Il ne cache pas avoir été inquiété par les ravages de la drogue à Toulon, mais ne craint pas qu’elle puisse prendre ces proportions ici, sauf si l’« Ice » arrivait jusque là.
Très respectueux de la résilience de ses patients insulaires, il me raconte comment il les aide à discerner, dans leurs choix thérapeutiques comme par exemple pour la dialyse des insuffisants rénaux chroniques (conséquence du diabète). En effet, une dialyse réalisée dans une ile ailleurs nécessite un voyage, une rupture avec le milieu familial et naturel du patient qui n’en tire un bénéfice de « bien être » qu’un jour sur trois (premier jour trajet et dialyse, deuxième OK, troisième de nouveau mal, etc). Il me cite l’histoire d’un homme qui a préféré rester chez lui, assis dans son jardin devant le lagon et mourir sereinement en deux semaines entouré de ses enfants, Robert lui assurant des soins palliatifs adaptés de qualité. Selon lui les habitants des iles isolées assument très bien ce type de choix.
Le soir, c’est autour d’un apéro organisé par sa femme que nous passons un très bon moment d’amitié confraternelle. Le lendemain, son épouse est venue passer un moment à bord… mais Robert et Hinano étaient déjà sur le pont du Centre de Santé : chapeau bas au sacré duo !
Mauruuru,merci pour ce bel article,très beau pour l equipe soignante ,pour plaisanter à mon sujet.
Je ne suis pas une ex infirmière, mais une infirmière qui n exerce plus…sourires.
Oui Maupiti est pour toujours et à jamais dans nos cœurs,la population pleure déjà le départ du « taote » il fait partie intégrante de la vie ici.
Tout est tellement vrai,sur ton article le concernant ,il est bien secondé par hinano et Christian
Bon vent à toi,à ton équipe,à bientôt.. ici où là
Un bonheur de t avoir rencontré