9ème atelier de partage de TUSI

Date :  21 mars 2024, 19h30-21h00 heure de l’hexagone                                                 
Lieu: visio, Zoom

Participants:
11 personnes connectées, dont 4 membres du bureau de TUSI; 5 médecins, 1 psychologue, 5 coordinateurs de santé ou d’administration; venant de la Guyane, de la Martinique, de Tahiti et de l’Hexagone.

Introduction

Les participants, confrontés à divers enjeux liés à l’addiction au sein de leurs communautés, ont été introduits lors de cette session. Le conférencier, expert dans le domaine, a été présenté, établissant le cadre pour un échange fructueux.

Les webinars mensuels organisés par TUSI visent à favoriser le partage d’expérience sur une multitude de sujets, à créer une communauté soudée et à diffuser des ressources pertinentes pour la pratique médicale dans les régions insulaires, tout en offrant un forum pour des discussions ouvertes et constructives.

Au cours de la réunion, l’équipe a abordé les défis spécifiques rencontrés dans diverses régions, notamment la Martinique et la Guadeloupe, soulignant le besoin impérieux d’améliorer la compréhension et les stratégies de prévention des addictions. Cette prise de conscience collective est essentielle pour élaborer des approches adaptées à chaque contexte culturel et géographique, afin de répondre efficacement aux problématiques de l’addiction.

Conférence (synthèse) :

La conférence a exploré la distinction entre consommation occasionnelle, dite  d’ « expérimentation » et la consommation régulière dite de « dépendance », mettant en lumière une baisse notable de l’expérimentation des substances toxiques chez les jeunes depuis 2014 (cf chiffres des études comme les Escapades). Cette tendance est en contradiction avec les observations de terrain, où l’usage semble plus répandu. La dépendance est définie comme une consommation régulière et subjectivement indispensable, reconnue comme une maladie chronique qui engendre des difficultés et de la souffrance.

Une question centrale soulevée est le processus et la cause du fait que certains jeunes passent de l’expérimentation à la consommation régulière, puis à la dépendance.

Lien entre les conduites suicidaires et l’addictologie toxique

Le conférencier a souligné que la dépendance est souvent une réponse auto-thérapeutique à l’anxiété, une manière d’anesthésier la souffrance morale ou physique.

Il y a souvent un parcours similaire qui amène les patients vers les conduites suicidaires et celles de l’addiction aux substances toxiques. L’élément commun est le désespoir et la volonté de mettre fin à la douleur aiguë, et, la plupart du temps, pas celle de mettre fin à ses jours.

L’initiation des soins – établissement du lien

Le Dr Jean-Michel Sigward insiste sur l’importance pour les soignants d’établir un espace de confiance avec les patients, en posant des questions sans jugement pour comprendre ce que la consommation aide à masquer ou à gérer. Il encourage les participants à se faire confiance à eux-mêmes car il est nécessaire de leur montrer de l’empathie et de leur prêter la plus grande attention. Les interrogations pourraient se tourner autour des questions suivantes :

  • Avec la consommation qu’est ce qui devait disparaitre ? Vous ? La douleur ? les évènements de vie adverses ?
  • Autre question : s’agit-il de produit licite ou non ? Y’a-t-il intention de transgression des règles et/ou de mise en danger ?
  • Aborder le sujet via les bénéfices de la consommation (et non pas via tous les dangers). Inviter la personne à voir à quoi cela lui sert. L’approche positive est à privilégier pour établir un climat de confiance, à vertu thérapeutique ;

=> Voir l’addiction sous un angle différent et imaginer alors des alternatives pour aller vers le soin. Tout cela peut mettre du temps bien sûr.

=> Le terme de re-consommation est préféré à celui de rechute, car il implique qu’il y a eu une période d’abstinence, ce qui est en soi un progrès. La maladie addictive est associée à une grande souffrance, et le soin se fait dans le lien et le maintien de ce lien.

Bouc-émissaire et  pathologies familiales

La conférence a aussi abordé le concept de bouc émissaire dans les pathologies familiales, où la personne en addiction peut être marginalisée et désignée comme porteuse des dysfonctionnements du système familial.

Cette stigmatisation peut être renforcée par des croyances magico-religieuses, qui, bien que servant de soutien à la famille, augmentent la stigmatisation de l’individu.

Enfin, la conférence a souligné l’importance de l’approche thérapeutique familiale dans les pathologies addictives, bien que complexe à mettre en œuvre, notamment en raison de la violence souvent présente dans ces dynamiques familiales.

Thérapie

La thérapie pour les personnes souffrant d’alcoolisme et de toxicomanie repose sur quatre piliers fondamentaux :

  • les soins médicaux,
  • la psychiatrie,
  • la psychothérapie,
  • et le soutien des associations dédiées à la guérison de la dépendance.

Il est crucial de promouvoir la responsabilisation et la réduction des risques, notamment dans le cadre des soins de longue durée. Le sevrage, abordé par Jean-Michel, est présenté non pas comme un événement isolé, mais comme un processus nécessitant un soutien communautaire, médical, psychiatrique et psychothérapeutique continu, en tenant compte des défis spécifiques rencontrés par les victimes d’agression.

Partage d’expériences et questions des participants par suite de la conférence

Les participants ont discuté de l’importance de maintenir un lien avec les patients, malgré la désorganisation que peuvent entraîner les substances toxiques, notamment dans le contexte oncologique. Ils ont partagé des expériences sur le travail avec des individus en état d’ivresse ou ayant des antécédents psychiatriques traumatisants. Les défis à établir des liens, et l’organisation des questions lors des réunions du CMP ont été soulignés. L’échange a également porté sur le rôle des aidants et la manière dont ils peuvent soutenir les personnes dépendantes.

Les discussions ont mis en évidence la nécessité d’une approche ciblée pour traiter les problèmes liés à l’alcool, en tenant compte des spécificités culturelles et régionales, comme l’anthropologie des populations insulaires et leur accès aux substances addictives. L’impact de l’alcool sur la santé mentale a été spécifiquement abordé, ainsi que l’importance de comprendre l’histoire, la culture et les traumatismes pour traiter les comportements addictifs.

Il est essentiel de faire une distinction entre les personnes souffrant de schizophrénie ou de troubles psychotiques, et celles dont la consommation entraîne désorganisation et discordance. Jean-Michel a rappelé que les pathologies psychotiques touchent environ une personne sur cent dans la population générale.

Clôture

En conclusion, la conférence a mis en lumière la complexité de l’addiction, l’importance de l’empathie dans le soin, et la nécessité d’une réflexion approfondie sur les facteurs sous-jacents à l’addiction, tant au niveau individuel que familial.

La discussion approfondie reflète les discussions riches et variées de la conférence, soulignant l’importance d’une prise en charge holistique et empathique des personnes souffrant d’addiction, en intégrant les dimensions médicales, psychiatriques, psychothérapeutiques et communautaires.

Le Dr Magali Jeanteur clôture la réunion en remerciant Le Dr Jean-Michel Sigward d’avoir partagé avec les participants son expérience et sa perspective, en répondant à toutes les questions pertinentes posées par les participants pour qui le sujet est très important dans leur travail quotidien.

Merci à tous pour la discussion et les idées échangées. Une fois de plus on a pu vivre l’esprit de TUSI, qui est celui de partage et d’entraide. On continue à construire le réseau de soutien avec de nouveaux outils à venir au fur et à mesure.

Prochain atelier de partage

Le 10ème atelier de partage aura lieu le jeudi 18 avril 2024 à 19h30 heure de l’hexagone et se déroulera autour du sujet suivant :

  Voici le lien zoom pour accéder à l’atelier de partage mensuel (attention, nouveau lien !)

La suite

TUSI encourage tous les participants à activer tous leurs contacts. Avec un site LinkedIn ouvert et un site web en ligne, nous voulons nous concentrer 100% sur la fédération des professionnels de la santé des îles autour du notre projet. N’hésitez pas alors à partager les infos sur TUSI avec vos contacts professionnels :

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