12ème atelier de partage de TUSI
12ème atelier de partage de TUSI
Date : 18 juillet 2024, 20h30-22h00 heure de l’hexagone
Lieu: visio, Zoom
Participants:
15 personnes, dont 5 médecins et 7 bénévoles engagés en prévention et soins, venus de Martinique et de l’Hexagone.
Sujet de l’atelier du 18 juillet 2024 :
CANCÉROLOGIE : PROBLÉMATIQUE DE L’OFFRE DES SOINS EN CANCÉROLOGIE INSULAIRE: RESTER OU PARTIR ? QUEL IMPACT POUR LES PATIENTS ET LES SOIGNANTS?
Conférenciers :
=> Monsieur Guy-Albert RUFIN DUHAMEL, Directeur de
la Plateforme Régionale d’Oncologie de
la Martinique (GIP PROM)
=> Le Dr Emeline COLOMBA, médecin coordinateur du parcours cancer CHUM/GIP PROM
Partage d’expériences
Introduction et récapitulatif
Les webinaires mensuels organisés par TUSI visent à favoriser le partage d’expérience sur une multitude de sujets, à créer une communauté soudée et à diffuser des ressources pertinentes pour la pratique médicale dans les régions insulaires, tout en offrant un forum pour des discussions ouvertes et constructives.
Les participants – oncologues, psychiatres et coordinateurs en cancérologie – ont échangé sur la situation dans les territoires insulaires d’outre-mer.
La réunion a souligné les défis spécifiques liés au cancer en Martinique. Des statistiques alarmantes sur l’incidence et la mortalité ont été présentées, soulevant des questions d’accès aux soins, de manque de spécialistes et de modernisation technologique. Il a été suggéré de repenser l’organisation de l’oncologie et de créer de nouveaux métiers. L’importance d’une approche culturelle et holistique a aussi été soulignée, en tenant compte des spécificités psychosociales. La question de la radicalisation dans le secteur médical a été brièvement évoquée.
Les défis liés à l’isolement et à la nécessité de partager les expériences entre soignants ont été réitérés. Le webinaire mensuel de l’association Trait d’Union Soignant des Îles vise à encourager ces échanges avec une perspective insulaire.
La réunion s’est terminée par un appel à l’action pour soutenir les initiatives et trouver des solutions concrètes.
Conférence (synthèse) :
Quelques statistiques partagées par Guy Albert Rufin Duhamel
Le territoire martiniquais, avec environ 340 000 habitants, dont un tiers vit sous le seuil de pauvreté, présente des défis spécifiques liés à l’accès aux soins en cancérologie. Chaque année, environ 1 500 nouveaux cas de cancer sont recensés, touchant principalement le sein, la prostate, le colon, le rectum, l’estomac et le mélanome, avec un taux de mortalité élevé (740 décès annuels). 11 000 patients sont actuellement sous traitement, et 18 000 personnes déjà traitées sont toujours en vie.
Les principaux obstacles relevés dans cette situation incluent les délais de traitement, entraînant une « perte de chances » pour les patients, et un accès inégal aux soins en raison d’un manque de spécialistes et de technologies médicales adaptées.
Défis De La Cancérologie dans le milieu ultramarin
Le Dr. Emeline Colomba a souligné les contraintes spécifiques aux territoires insulaires, notamment :
- Grande dépendance technologique : Les hôpitaux locaux doivent faire face à un manque d’équipement et de technologies avancées, ce qui crée une inégalité majeure avec les régions métropolitaines.
- Organisation hospitalière : Les centres hospitaliers en Martinique fonctionnent en pôles, rendant difficile une prise en charge transversale du cancer. Ce modèle structurel ralentit l’efficacité des soins.
- Turnover médical : Le personnel médical, souvent formé dans l’Hexagone, a tendance à quitter l’île rapidement. Cela accentue le manque de stabilité et l’expertise continue, d’où l’importance de former des médecins locaux.
Elle a également recommandé de développer la formation des infirmières en pratique avancée (IPA) aux Antilles afin de renforcer les soins oncologiques de proximité.gie et des scénarios de terrain a été évoquée, avec un accent sur les communications dans les opérations de secours, notamment dans les zones ultradéveloppées. Les défis des hôpitaux pendant la phase de sauvegarde après une alerte cyclonique incluent l’afflux massif de patients et les dommages aux infrastructures. Des solutions telles que des c§abinets de campagne temporaires et le renforcement des équipes médicales mobiles ont été proposées.
Partage d’expériences et questions des participants par suite de la conférence
Méthodes traditionnelles et méfiance vis-à-vis du système médical occidental :
Les participants ont discuté du scepticisme de certains patients envers la médecine moderne, préférant souvent se tourner vers des traitements traditionnels. Ce manque de confiance, perçu comme une « résistance » par certains, pose des défis dans la prise en charge des malades. Il a été proposé d’adopter une approche complémentaire pour intégrer ces pratiques tout en sensibilisant les patients aux avantages des soins conventionnels. Le Dr. Colomba a partagé son expérience auprès de patients éprouvant des difficultés à comprendre leurs traitements, soulignant la nécessité d’une meilleure collaboration avec les collègues en santé mentale pour gérer ces cas délicats.
Radicalisation dans les soins de santé :
Un participant a soulevé la question de la radicalisation de certains soignants, qui s’écartent des protocoles médicaux établis. Ce phénomène a été identifié comme un facteur de défiance vis-à-vis des soins, entraînant des risques pour la santé publique. Les intervenants ont suggéré d’étudier ce problème en profondeur pour mieux en comprendre les causes et ses impacts potentiels.
Conflit entre religion et médecine :
Guy-Albert Rufin Duhamel a relevé la confusion persistante entre les pratiques religieuses et médicales en Martinique. Il a cité des exemples de services réservés aux médecins catholiques et la difficulté à différencier le rôle de certains soignants de celui de figures religieuses. Cette ambiguïté affecte la perception des soins et notamment la vaccination. Il a été proposé d’impliquer davantage des patients et soignants experts dans les associations pour mieux refléter cette dualité entre médecine conventionnelle et pratiques traditionnelles.
Santé mentale et isolement social :
Le débat a également porté sur les conséquences psychologiques de l’éloignement pour les patients martiniquais devant se rendre en métropole pour des traitements. Les ruptures familiales, sociales et culturelles ont des effets dévastateurs, et les participants ont discuté de l’importance de créer un meilleur accompagnement pour ces patients. Un accueil plus empathique, des infrastructures adaptées et une meilleure communication avec les services de santé ont été proposés comme pistes d’amélioration.
Défis liés à l’accès aux résultats médicaux et fracture numérique :
Les patients atteints de cancer en Martinique sont confrontés à des délais importants pour obtenir leurs résultats d’examens, aggravant leur situation. Une représentante des patients a exprimé son inquiétude face à ces retards et à la fracture numérique, qui affecte gravement l’accessibilité aux plateformes telles que Centricity 360. Un appel a été lancé pour rendre ces outils plus accessibles et adaptés à la diversité de la population locale.
Les messages-clés et idées d’amélioration
Plusieurs pistes d’amélioration ont émergé de cet atelier, notamment :
- Développer la formation des IPA en oncologie pour améliorer la prise en charge des patients sur place.
- Réduire les délais d’attente pour les examens et traitements.
- Impliquer davantage les associations de patients pour renforcer le lien entre patients et corps médical.
- Intégrer des praticiens traditionnels dans les parcours de soins pour mieux répondre aux attentes culturelles.
- Étudier l’impact de la radicalisation des soignants pour proposer des solutions adaptées.
- Poursuivre l’accompagnement des patientes en exil médical en Île-de-France avec le soutien de l’association Amazones.
Clôture
Le Professeur Louis Jehel, Vice-Président de TUSI, a conclu en remerciant les conférenciers pour leurs contributions éclairantes et a réaffirmé l’importance de poursuivre ces échanges pour améliorer l’offre de soins en cancérologie. Les discussions ont reflété l’esprit de solidarité et de partage qui anime TUSI, et les participants ont été encouragés à poursuivre les initiatives et à renforcer les réseaux de soutien.
Prochain atelier de partage
Le 13ème atelier de partage aura lieu le jeudi 19 septembre 2024 à 19h30 heure de l’hexagone et se déroulera autour du sujet suivant :
PRÉSENTATION DE LA PLATFORME DE FORMATION
=> Conférencier :
ð Pr Louis JEHEL, psychiatre et psychotraumatologue, VP de l’association TUSI
=> Partage d’expériences
Voici le lien zoom pour accéder à l’atelier de partage mensuel
La suite
TUSI encourage tous les participants à activer tous leurs contacts. Avec un site LinkedIn ouvert et un site web en ligne, nous voulons nous concentrer 100% sur la fédération des professionnels de la santé des îles autour du notre projet. N’hésitez pas alors à partager les infos sur TUSI avec vos contacts professionnels :